Impact Interviews co-labor : Quand Inclusion Sociale et Développement Durable Se Rencontrent
Découvrez comment co-labor, acteur de l’économie sociale et solidaire, conjugue réinsertion professionnelle et engagement écologique à travers ses activités en horticulture et alimentation biologique.
Pouvez-vous nous donner un aperçu de l’histoire et de la mission de co-labor depuis sa création ?
En 1983, les fondateurs de co-labor ont commencé à créer du travail pour des personnes éloignées du marché du travail dans des secteurs en pénurie, à savoir l’entretien des jardins et les travaux forestiers. Un an plus tard, le ministère de l’Emploi et du Travail accorde pour la première fois des subventions pour l’engagement de chaque chômeur. co-labor connaît un succès rapide : en effet, au terme de la deuxième année, 12 emplois étaient créés pour des jeunes en difficultés.
A partir de 1985, co-labor s’implante officiellement à Luxembourg, après ses débuts à Diekirch et à Ettelbruck. La même année, le ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil subventionne le projet pour la première fois. En 1986, la coopérative est créée et emploie 25 postes stables par le biais de l’ouverture d’un secteur aménagement de jardins et de l’environnement ainsi qu’une pépinière.
Diversifiant ses activités dans les décennies suivantes : l’ouverture d’une jardinerie, la production de fruits et légumes biologiques et locaux ainsi que la création du Grénge Kuerf – paniers de fruits et légumes de la propre production -, co-labor déménage en 2016 à Bertrange, sur un nouveau site spécialement conçu pour ses activités.
Le site de la Grevels barrière à Bertrange officialise le lancement des points de vente en 2017, ainsi qu’une cuisine professionnelle. Depuis 2024, co-labor2 asbl ouvre également un atelier thérapeutique à Remerschen en partenariat avec le Ministère de la Santé et de la Sécurité Sociale.
Comment co-labor parvient-elle à concilier réinsertion professionnelle et développement durable à travers ses activités en horticulture et alimentation biologique ?
Acteur de l’économie sociale et solidaire, les valeurs fondamentales de co-labor se basent sur les principes de l’économie durable, de l’engagement social et de la responsabilité écologique. Le personnel en insertion et réinsertion professionnelle est intégré dans l’ensemble de nos secteurs. Nous agissons, à notre échelle, pour préserver et reconstruire l’environnement qui nous permet de vivre et de travailler :
- Dans le domaine d’horticulture nous mettons un accent sur les services et produits favorisant la biodiversité.
- Dans le domaine alimentaire, nous promouvons le circuit court en tant que producteur et distributeur de fruits et légumes
Afin d’améliorer notre impact environnemental, nous nous engageons très concrètement pour réduire notre consommation d’énergies non renouvelables, notamment avec la mise en place de panneaux photovoltaïques, de réduire notre consommation d’eau potable et réduire nos déchets et trier de manière adéquate ceux qui sont incompressibles, pour en garantir la meilleure valorisation. Notre engagement écologique, est entre autres garanti à travers notre adhésion à plusieurs systèmes de certification environnementale.
Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en intégrant des pratiques éco-responsables dans vos opérations quotidiennes, et comment les avez-vous surmontés ?
L’intégration de pratiques éco-responsables dans nos opérations quotidiennes chez co- labor reste un défi à plusieurs niveaux, mais chaque difficulté a été une occasion d’apprendre et de progresser.
Nous avons fait le choix d’investir dans la formation de nos salariés mais aussi pour les personnes en insertion et réinsertion, comme le module « tri des déchets » ou « protection environnementale » en mettant l’accent sur l’importance des pratiques écologiques dans nos missions et au-delà.
Les personnes en parcours d’insertion ou de réinsertion ne sont pour la majorité pas sensibilisés sur les enjeux environnementaux.. De plus, avec la rotation régulière de ce personnel, la formation sur ce sujet devient un processus en continu. Cela implique un effort permanent de notre part pour leur transmettre les bonnes pratiques écologiques et les impliquer activement dans des actions durables.
Pouvez-vous nous parler de l’importance d’être une coopérative dans votre secteur et comment cela influence votre approche en matière de durabilité et de responsabilité sociale ?
Être une coopérative d’insertion par le travail signifie que nous ne sommes pas axés prioritairement sur le profit, mais sur la création de valeur sociale, en favorisant l’inclusion et la réinsertion professionnelle. Toute personne peut devenir membre de la coopérative et s’impliquer. Ce modèle souligne notre approche en matière de responsabilité sociale et nous permet également d’agir avec une vision de long terme et d’intégrer des principes durables à tous les niveaux. Par exemple, la gouvernance partagée et l’engagement des membres nous permettent d’adopter des décisions plus inclusives et plus respectueuses de l’environnement, en prenant en compte l’impact écologique de nos activités.
Comment co-labor aide-t-elle les entreprises luxembourgeoises à améliorer leur impact environnemental et social en étant leur fournisseur ?
Il y a plusieurs niveaux dont nous pourrions parler :
En faisant appel à co-labor, nos clients deviennent des acteurs du changement en soutenant activement l’économie sociale et solidaire. Nous formons et accompagnons des personnes en situation de chômage, ou plus complexes les aidant à développer des compétences pratiques et transférables tout en leur offrant une structure d’accompagnement. Cela permet à nos clients de bénéficier de services et produits de qualité, tout en contribuant directement à la construction de parcours professionnels.
En choisissant co-labor, les clients participent également au soutien de l’économie locale et durable. Chez co-labor Grénge Kuerf par exemple, : nous offrons une gamme de 7 paniers de fruits et légumes de saison biologiques différents issus de pratiques agricoles durables, cultivés majoritairement sur nos sites de production. En choisissant nos produits, les entreprises réduisent leur empreinte carbone tout en soutenant l’agriculture biologique et de proximité. Ces produits souvent issus de notre propre production sont également transformés par notre secteur co-labor BISTRO qui propose aux entreprises un service de petite restauration pour leurs évènements.
Les éventuels bénéfices de co-labor sont entièrement réinvestis dans des projets à impact positif, qu’il s’agisse de nouvelles initiatives environnementales ou d’actions favorisant le bien-être de nos employés. Ce modèle d’investissement nous permet de construire une organisation qui bénéficie non seulement à nos collaborateurs, mais aussi à l’ensemble du pays.
Comment co-labor travaille-t-elle avec les communautés locales pour sensibiliser et promouvoir des pratiques plus durables et responsables ?
co-labor s’engage activement auprès des communes locales pour développer des projets durables et à fort impact écologique. Pour ce type de projet, c’est principalement notre secteur co-labor NATUR qui est sollicité. Ces projets proposés permettent d’améliorer l’environnement de vie des communes tout en contribuant à la préservation de la biodiversité locale. Nous avons en autre réalisé un jardin pédagogique à Strassen aménagé une prairie fleurie sauvage à Dudelange. En complément, nous organisons des activités pédagogiques et des ateliers de sensibilisation avec notre secteur co-labor GAÏA. Ces actions, intégrées à nos projets, visent à éduquer les communautés, principalement les enfants, sur les pratiques durables, le respect de la biodiversité et l’importance de préserver notre environnement naturel.
Nous collaborons également avec des acteurs publics nationaux pour la préservation de biotopes protégés, entre autres dans le Bassin minier, qui possède une grande valeur écologique et touristique. Ces partenariats permettent de protéger la faune et la ffore locales, tout en sensibilisant les visiteurs à l’importance de ces habitats uniques.
Comment voyez-vous l’avenir de co-labor en termes de croissance et de développement de nouvelles initiatives durables et socialement responsables ?
La mission de co-labor intègre profondément le respect de l’environnement, inscrit dès la fondation de la coopérative. Cette conviction continuera de guider notre engagement dans le développement de nouvelles initiatives qui sont à la fois durables et socialement responsables.
Les alertes croissantes sur la perte de biodiversité et la dégradation des biotopes intactes essentiels soulignent le besoin urgent d’agir pour préserver notre patrimoine naturel. Ce défi, désormais une priorité dans les agendas politiques, appelle à des solutions concrètes, et nous pensons que la demande pour de tels projets va s’intensifier, renforçant notre rôle dans la création d’espaces durables. Avec ces objectifs, co-labor entend devenir un acteur de premier plan pour un avenir plus vert et inclusif, en promouvant l’économie circulaire, en investissant dans des formations adaptées aux besoins écologiques actuels, et en soutenant la réintégration professionnelle par des emplois porteurs de sens.
Interview de Max HOLZ, Directeur général de co-labor.